La maladie d’Aujeszky (MA) est une maladie infectieuse et contagieuse affectant le porc (et le sanglier) et transmissible à d’autres espèces animales, due à un virus de la famille des Herpesviridae.

Souvent inapparente chez le porc, elle peut s’exprimer, selon l’âge : mortinatalité et encéphalomyélite chez les porcelets, troubles respiratoires chez les porcs à l’engrais, avortements chez les truies.

Chez les autres espèces (carnivores, ruminants), encéphalomyélite d’évolution rapide et mortelle (pseudorage) parfois associée à un prurit important (« mad itch »).

L’infection des sangliers sauvages (réservoir primaire en France) dans certains départements français constitue néanmoins une menace sanitaire .

Son importance économique est liée aux pertes en élevage (mortalité de porcelets, avortements, retards de croissance) et aux restrictions portant sur les échanges d’animaux.


ESPÈCES INFECTÉES

  • la MA atteint de nombreuses espèces animales (mammifères) domestiques, en particulier le porc, mais aussi le chien, le chat, le bœuf, le mouton, le cheval… et sauvages (sanglier…).
  • non transmissible à l’Homme.

Etude clinique

INCUBATION : 2 à 5 jours.

SYMPTÔME :

A – Porcs : symptômes variables selon l’âge des animaux.

  • Porcelets de moins de 15 jours : hyperthermie (41°C) et méningo-encéphalite mortelle en quelques heures (convulsions, tremblements, pédalage…).
  • Porcelets de 15 jours à 3 mois : hyperthermie (41°C) et inappétence pendant 2 à 3 jours, associées dans 20 % des cas à des symptômes de méningoencéphalomyélite (hyperesthésie, crises épileptiformes, paralysie pharyngée). Convalescence avec retard de croissance lorsqu’il n’y a pas d’atteinte nerveuse, sinon mort en 3 à 6 jours.
  • Porcs à l’engrais : atteinte de l’état général avec abattement, inappétence, hyperthermie modérée, symptômes nerveux discrets ou absents, ou symptômes respiratoires avec toux, dyspnée, éternuement (complications bactériennes possibles). Mortalité rare. Retard de croissance important.
  • Reproducteurs : avortements, mortinatalité de toute ou partie de la portée. Pas d’atteinte générale des mères, sinon une inappétence transitoire. L’infection est généralement inapparente chez les verrats.

B – Sangliers :

  • l’infection est généralement inapparente.

C – Espèces autres que les suidés : chat, chien, bovin, cheval… (pseudorage).

  • Méningo-encéphalomyélite éventuellement marquée par du prurit (rare chez le chat, souvent localisé à la gueule chez le chien, à la tête ou l’encolure chez les ruminants…) conduisant à l’automutilation, par une paralysie du pharynx avec ptyalisme et difficulté de déglutition, par une anisocorie chez le chat, évoluant vers la paralysie et la mort en 6 à 24 heures (2 jours maximum). Absence d’agressivité.
  • Formes atypiques : formes gastro-intestinales chez les carnivores (vomissements, diarrhée, paralysies, absence .

Lésions

Pas de lésion macroscopique en dehors des lésions liées au prurit chez les carnivores et les ruminants, et parfois chez les porcelets de moins de 10 jours des foyers nécrotiques sur le foie et la rate.

Tête de cochon. Les muqueuses autour des yeux et des narines sont en croûte et l’œil présente un exsudat séreux péri-orbitaire

Foetus avortés – mort in utero et autolyse

Foie -Lésions miliaires blanches multifocales diffuses.


Épidémiologie

SOURCES DE VIRUS

  • Exclusivement les porcs et sangliers malades ou porteurs (porteurs sains, porteurs sains vaccinés, porteurs chroniques).
  • Les suidés porteurs sains (phénomène de latence) constituent le véritable réservoir de la maladie.
  • Les autres espèces sont habituellement des culs-de-sac épidémiologiques.

MATIÈRES VIRULENTES

  • Sécrétions bucco-nasales (excréter par voie aérienne) le sperme, le lait.
  • Les cadavres de porcelets riches en virus ;
  • Les abats et la viande de porc ou de sangliers infectés.

RÉSISTANCE DU VIRUS

  • variable selon les conditions de température et de pH (par exemple 2 mois dans le lisier en hiver).

TRANSMISSION

  • directe (transmission « de groin à groin », par la saillie, le lait) (pénétration du virus par voie oro­nasale ou génitale)
  • indirecte (locaux et matériel souillés, eaux grasses, bottes des éleveurs, et à distance par voie aérienne avec transport par le vent jusqu’à 1 ou 2 km) chez le porc. Les carnivores se contaminent généralement par consommation de porcelets ou d’abats et viandes crus de porcs.

RÔLE DE L’ESPÈCE

Réceptivité importante des porcs, carnivores et petits ruminants, plus faible chez les bovins et le cheval. Mais la sensibilité des porcs est plus faible que celle des autres espèces chez lesquelles on observe une encéphalite rapidement mortelle. Il existe aussi chez les suidés une sensibilité différente en fonction de l’âge (cf. symptômes) et de l’espèce de suidés infectés : les sangliers sont porteurs sains.

RÔLE DE L’ AGE (chez le porc) : sensibilité importante des porcelets.

RÔLE DU STRESS : favorise l’excrétion virale (récurrences).

Les porcheries saines sont infectées par l’introduction de porteurs (reproducteurs, porcelets infectés, verrats rouleurs), par voisinage (épandage de lisiers, diffusion aérienne) dans les zones de forte densité porcine, ou par contact direct ou indirect avec des sangliers infectés.

L’infection peut demeurer inapparente, s’étendre à tout l’effectif et s’incruster dans la porcherie. La maladie a d’autant plus de risques d’apparaître que l’élevage est important (rôle des stress). L’expression clinique est fonction de la sensibilité des animaux présents (truies gestantes, porcelets).

SANGLIERS : la circulation du virus dans cette espèce se fait indépendamment de celle chez les suidés d’élevage. Avec l’éradication de l’infection des élevages de porcs, le sanglier est devenu le réservoir primaire.

AUTRES ESPÈCES : maladie sporadique ou anazootique (sujets en contact avec des porcs, carnivores consommant de la viande ou des abats crus de porc ou de sanglier), épiphénomène révélateur de l’infection du cheptel porcin ou de la circulation du virus chez le sanglier).


Diagnostics différentiels

Avec d’autres maladies à dominante :

  • nerveuse : pestes porcines, paralysie contagieuse du porc, intoxication par le NaCl)
  • respiratoire : grippe porcine, syndrome dysgénésique et respiratoire, pneumonie enzootique, infection par Actinobacillus pleuropneumoniae,
  • génitale : syndrome dysgénésique et respiratoire, peste porcine classique, parvovirose, infection par des virus SMEDI, leptospirose, brucellose), etc.

Critères de suspicions (pour INFO – Soumis à la décision de la DDCSPP)

Deux niveaux de suspicion ont donc été définis, conduisant à une gradation des mesures de police sanitaire.

D’une manière générale, la clinique très suggestive sur les truies et les porcelets (ateliers de naissage) ne pose pas de réels problèmes pour le clinicien. La difficulté majeure pour émettre une suspicion légitime de maladie d’Aujeszky concerne les ateliers porcins où seuls des porcs charcutiers sont détenus (ateliers d’engraissement ou de post-sevrage) : les symptômes ne sont pas pathognomoniques et n’ont absolument rien d’univoque (diagnostic différentiel à faire avec l’influenza ou le SDRP notamment).

A – Suspicion clinique « forte » (diagnostic d’inclusion)

  • chez les naisseurs : pertes néonatales accompagnées de signes nerveux sur 20% des porcelets sur une bande, avec éventuellement anorexie des truies et avortements (ou fœtus momifiés) ;
  • chez les engraisseurs : syndrome grippal non explosif, persistant dans le temps de façon insidieuse, et constat de troubles nerveux ;
  • quel que soit le type d’élevage porcin :
    1. toute situation au contexte épidémiologique défavorable (au vu du risque d’introduction par l’intermédiaire des sangliers sauvages ou par l’introduction de porcins domestiques en provenance d’une zone non indemne de maladie d’Aujeszky
    2. tableau clinique correspondant à une suspicion « faible » avec un ou plusieurs résultats individuels de laboratoire positifs (voir paragraphe I.B.) ;
    3. mortalité d’autres espèces que des porcins, « culs de sac » du virus de la maladie d’Aujeszky précédée de signes nerveux et ce, même en l’absence de signes cliniques sur les porcins situés sur le même site.

B – Suspicion clinique « faible » (diagnostic d’exclusion)

  • chez les engraisseurs : syndrome grippal non rattachable de manière certaine à un épisode d’influenza,
  • chez les naisseurs : anorexie des truies et avortements quel que soit le stade de gestation, sur 5 % des truies avec un minimum de 4 truies sur une période inférieure à 15 jours (seuil d’alerte décrit dans le cadre du protocole de soins).

Prélèvements (pour INFO – Soumis à la décision de la DDCSPP)

Prélèvements (quel que soit le niveau de suspicion)

D’une manière générale, il faut se placer en terme d’unité épidémiologique car on ne peut pas prétendre savoir ce qui se passe dans un élevage important comportant plusieurs bâtiments si on ne prélève que dans un seul bâtiment. Ainsi, chaque unité épidémiologique devra être visitée et faire l’objet le cas échéant de prélèvements, pour un diagnostic virologique et / ou sérologique. Par exemple, si chez un naisseur – engraisseur, les signes cliniques sont sur les charcutiers, la virologie sera privilégiée sur les charcutiers et la sérologie sur les truies.

Prélèvements pour analyse virologique

  • 5 écouvillons nasaux ou amygdaliens sur des animaux en hyperthermie ou sur des truies ayant présenté très récemment des troubles de la reproduction
  • animaux morts ou cliniquement atteints : prélèvements des avortons ou des mort nés, ou sur encéphale, amygdales et poumons de porcelets ou de porcs charcutiers

Afin d’augmenter les chances de trouver le virus, les écouvillons sur animaux vivants doivent être privilégiés aux prélèvements d’organes sur animaux morts.

Ces prélèvements feront l’objet d’une PCR (mise en évidence du génome viral) et/ou d’un isolement viral.

Prélèvements pour analyse sérologique

Dès que la suspicion est émise, il convient de prélever 30 prises de sang sur tube sec d’animaux (truies, porcelets et porcs charcutiers selon les stades physiologiques présents sur le site) ayant présenté des signes cliniques durant les deux semaines précédant la date où la suspicion est émise.

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