La fièvre catarrhale ovine (FCO) est une maladie infectieuse des ruminants transmise presque exclusivement par des arthropodes piqueurs du genre Culicoides et due à des virus du genre Orbivirus.

La maladie s’exprime par une atteinte fébrile de l’état général associée à une inflammation des muqueuses s’exprimant notamment par une stomatite (« blue tongue »), des boiteries et une raideur musculaire, des avortements, et provoquant parfois, particulièrement chez les ovins, une mortalité élevée.

Le pouvoir pathogène du virus varie selon les souches. Il est surtout caractérisé par sa pluralité antigénique et immunogénique : 24 sérotypes.

De part son impact sanitaire (morbidité importante, forte diffusibilité, gravité médicale) et son impact économique (restrictions des échanges d’animaux et de leurs semences et embryons), la FCO justifie son classement comme danger sanitaire de 1ere catégorie et soumis au plan d’intervention sanitaire d’urgence pour les sérotypes exotiques.


ESPÈCES AFFECTÉES

  • ruminants et camélidés réceptifs,
  • ovins : essentiellement infectés dans les conditions naturelles
  • bovins : souvent inapparente ou fruste (habituellement, moins de 5%), mais des exceptions selon les sérotypes.
  • autres ruminants (bisons, yacks),
  • caprins : habituellement inapparente,
  • nombreux ruminants sauvages : infection inapparente en zone infectée.
  • certains carnivores : peut aussi infecter, mais ne semblent jouer aucun rôle épidémiologique,
  • n’affecte pas l’Homme.

Étude clinique

La fréquence et l’intensité des formes cliniques varient avec l’espèce animale et la souche virale. Les formes cliniques sont principalement décrites chez les ovins. L’atteinte clinique est moins habituelle chez les bovins. Les formes inapparentes sont la règle chez les caprins, habituelles en zone d’enzootie chez les ovins et fréquentes chez les bovins.

Incubation :

6 à 8 jours en moyenne (2 à 20 jours). Chez les bovins, les symptômes (troubles de la reproduction) ne sont parfois décelables que 60 à 80 jours après la contamination.

Symptômes

A – Chez les ovins

  • forte hyperthermie, précédent de 24 à 48h les 1ers signes cliniques
  • Signes cliniques congestifs, œdémateux et hémorragique :
    • Congestion des muqueuses buccales et pituitaire, avec jetage séromuqueux et sialorrhée
    • Cyanose de la langue (signe non constant)
    • Crevasses sur les lèvres et ulcérations buccales
  • Peu apparaître, ulcération du bourrelet coronaire
  • Myosite généralisé
  • Fonte musculaire importante
  • Mortalité dans les 48h suivants les 1ers signes
  • Avortements observés

B – Chez les bovins : infection généralement inapparente

  • Hyperthermie transitoire
  • Avortements et mortinatalité

Lésions

  • lésions congestives, œdémateuses, hémorragiques et ulcéreuses des muqueuses digestives et respiratoires (pituitaire et trachéale).
  • congestion des lames du podophylle et du bourrelet coronaire. Présence éventuelle de petits ulcères sur le bourrelet coronaire et dans l’espace interdigité.
  • myosite dégénérative.
  • lésions hémorragiques à la base de l’artère pulmonaire,
  • autres lésions : lésions hémorragiques (pétéchies) éventuellement visibles sur la plupart des organes et les séreuses), hypertrophie des nœuds lymphatiques et splénomégalie, complications de pneumonie (surinfections bactériennes).

Mouton. Il existe un exsudat nasal bilatéral, une érosion du plan nasal et une salivation excessive.

Moutons, bouche. Il y a érosion linéaire et rougeur de la muqueuse buccale droite

Bovine. Le museau est recouvert d’une croûte adhérente et le tissu sous-jacent (érodé) est hyperémique.

Bovin, glande mammaire. Il y a une ulcération de coalescence étendue de la peau du trayon

Mouton, pied. Il existe de multiples pétéchies dans la paroi du sabot et une hyperémie marquée de la bande coronaire

Mouton, œil. Il existe des foyers d’hémorragie bulbaire et palpébrale de la conjonctive

Moutons, langue. Il y a des pétéchies disséminées dans les muqueuses et une seule grande vésicule à la pointe

Moutons, rumen. Il y a plusieurs hémorragies muqueuses centrées sur les piliers.

Moutons, fœtus. Le plus gros de ces fœtus macérés avortés présente des torticolis


Épidémiologie

Sources virales :

  • ruminants malades et infectés
  • le sang représente la matière virulente essentielle. La virémie est élevée, notamment du 3ème au 7ème jour. Le virus sous sa forme infectieuse est généralement détectable 35 à 60 jours dans lesang après infection (période pouvant se prolonger jusqu’à une centaine de jours chez les bovins).,
  • le virus peut être excrété dans le sperme, uniquement en phase de virémie,
  • le virus n’est pas retrouvé dans le jetage, la salive, les lésions buccales… ·

Virus résistant

Malgré sa résistance, le virus n’est transmis ni par l’intermédiaire du milieu extérieur, ni par les viandes.

Transmission

  • indirecte par l’intermédiaire de moucherons du genre Culicoides (multiplication chez l’adulte piqueur, mais absence de transmission verticale). La compétence vectorielle de ces culicoïdes est variable. Le virus est transmis seulement par les culicoïdes adultes et la maladie ne peut être propagée que s’il existe des vecteurs compétents actifs (la FCO est une maladie transmissible mais non contagieuse).
  • transmission verticale par passage transplacentaire, avec naissance possible de veaux infectés démontrée dans le cas du sérotype 8,.
  • transmission horizontale par consommation de placenta envisagée dans le cas du sérotype 8,
  • transmission vénérienne par la semence possible (danger des taureaux en zone d’enzootie). Les risques de transmission à la faveur d’un transfert d’embryon sont négligeables.

Possibilités d’extension géographique importante :

  • par le déplacement de ruminants virémiques (échanges commerciaux) (noter que la période d’infectiosité qui désigne le délai le plus long pendant lequel un animal infecté peut être source d’infection- est de 60 jours),
  • par le transport passif de culicoïdes infectés dans les moyens de transport, notamment si les animaux transportés ne sont pas traités pour éliminer (dans leur toison.) les vecteurs,
  • par le déplacement naturel des vecteurs (des culicoïdes peuvent être poussés par le vent sur des distances atteignant 100 km).
  • le commerce de la semence provenant d’animaux virémiques peut être aussi incriminé.

Après piqûre du vecteur, le virus gagne les nœuds lymphatiques régionaux, où a lieu une première phase de réplication. Le virus est ensuite disséminé dans l’organisme, où il se multiplie en particulier dans les lymphocytes et les cellules endothéliales. Cette seconde phase de réplication entraîne une virémie importante, permettant l’infection du vecteur et la détection de la maladie (isolement viral ou RT-PCR). La virémie est associée aux cellules sanguines, où le virus peut persister plusieurs semaines, même en présence d’anticorps neutralisants. En fin d’infection le virus est essentiellement associé aux hématies

Diagnostics différentiels

Éliminer notamment la fièvre aphteuse au titre du diagnostic différentiel.

Chez les ovins, différencier aussi l’ecthyma contagieux.

Chez les bovins, penser à la différencier de la maladie hémorragique épizootique du cerf.

Dans les formes associées à des avortements et la naissance d’agneaux ou de veaux malformés : par le virus Schmallenberg.

Critères de suspicion

Il est rappelé l’importance d’impérativement écarter l’hypothèse de la fièvre aphteuse face à un ou des animaux présentant des signes cliniques évocateurs de FCO. Si l’hypothèse de fièvre aphteuse ne peut être écartée, la DDCSPP doit être contactée en priorité. Elle contactera un l’expert national.

Le détenteur est responsable de l’état sanitaire de ses animaux, il a l’obligation de prévenir le vétérinaire quand ses animaux sont malades. Si le vétérinaire établit une suspicion de FCO, il a l’obligation de signaler l’événement à la DDecPP et de transmettre la fiche de signalement et de commémoratifs dûment complétée (ANNEXE I).

Difficile dans les formes frustes, en particulier chez les bovins : atteinte fébrile de quelques sujets associée à une inflammation catarrhale des muqueuses oculaire, nasale et buccale, en particulier associée à une dermatite , et/ou des symptômes mammaires et locomoteurs discrets, et/ou des avortements, doivent générer une suspicion de FCO.

Les signes cliniques à rechercher sont décrites dans la fiche ci-dessous et seront inscrit dans la fiche de signalement et de commémoratifs dans la rubrique prélèvement.

Consignes / Biosécurité

Dans l’attente des résultats de confirmation par le LNR, l’exploitation suspecte fait ainsi l’objet d’un APMS (Annexe VII) qui prévoit l’interdiction de tout mouvement des animaux des espèces sensibles en provenance ou à destination de l’exploitation suspecte.

Des mesures destinées à limiter la circulation du virus via les piqûres d’insectes (confinement des ani­maux à l’intérieur des bâtiments d’élevage pendant les heures d’activité maximales du vecteur, désinsectisation des animaux, des bâtiments et de leurs abords) peuvent être imposées.

Concernant la durée d’efficacité de la deltaméthrine utilisée pour la désinsectisation des animaux, la sai­sine 2015-SA-0226 précise :

  • ” la protection est à son optimum 24 heures après l’application de l’insecticide (délai lié au temps de diffusion sur l’ensemble du corps) ;
  • la protection est maximale dans les jours suivant l’application du « pour-on » ;
  • cette protection diminue progressivement au cours du temps,
  • cette protection est plus faible (mais non nulle) à 14 jours après l’application du « pour on » ;
  • la protection est quasi-nulle au-delà de 14 jours.

Prélèvements (pour INFO – Soumis à la décision de la DDCSPP)

Tous les animaux suspects (dans la limite de 10 par exploitation) feront l’objet de prélèvements sanguins sur tube EDTA. Les cadavres suspects (dont avortons ou mort-nés) feront l’objet d’un prélèvement de rate. Le matériel nécessaire à la réalisation des prélèvements pour analyse de confirmation est décrit dans le Tableau ci-dessous.

Dans tous les cas, il est impératif que :

  • les prélèvements soient bien identifiés avec le numéro d’identification complet de l’animal,
  • l’expéditeur précise dans la demande d’analyses l’origine de la suspicion (indiquer la mention « suspicion clinique ») ainsi que l’ensemble des commémoratifs.

Si l’acheminement des prélèvements ne peut être réalisé immédiatement, il est nécessaire de stocker à +4°C les prélèvements d’organes et les tubes de sang.

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