Le sérotype 8 de la Fièvre Catarrhale Ovine (BTV-8) a été détecté pour la première fois en France en 2006 (BTV8-France 2006) puis a réémergé en 2015 après une période de 3 ans pendant laquelle la France avait retrouvé un statut indemne grâce à une vaccination massive. Cette souche de BTV-8 est depuis régulièrement détectée mais n’induit plus ou très rarement de signes cliniques. Contrairement à l’ancienne souche (BTV8-France 2006), la nouvelle souche (BTV8-France 2023) qui circule depuis août 2023 semblait induire un impact clinique dans de nombreux élevages d’après les remontées du terrain. Les analyses menées par le LNR FCO (Anses Maisons-Alfort) ont pu montrer que cette souche était différente de celle qui circulait depuis 2006 en Europe. L’objectif de cette enquête est d’évaluer les premiers impacts cliniques de cette nouvelle souche de BTV 8.

Les résultats de l’enquête menée début octobre 2023 par le GDS 12 permettent d’appréhender la situation sanitaire dans des élevages de l’Aveyron atteints de FCO entre début août et début septembre 2023. Du fait de la date de l’enquête, des variations de la situation sanitaire vis à vis de la FCO selon les départements, des différences de typologie et structure d’élevage selon les départements et des modalités de diffusion de la maladie (liée en partie à la densité et à l’activité de vecteurs culicoïdes) et d’autres paramètres, il n’est pas possible d’extrapoler ces résultats à l’ensemble du département ni aux autres départements. Cependant, ces premiers éléments épidémiologiques permettent de faire une première description de l’impact sanitaire de cette nouvelle souche un à deux mois après son arrivée dans un élevage de l’Aveyron.

Au moment de l’enquête, on observe chez les adultes :
Une forte variabilité inter-cheptel de la morbidité chez les bovins adultes allant de 1 % à environ 73 % et de 0,3 % à 47 % chez les ovins adultes. On observe ainsi entre 1 à 30 bovins adultes malades par
élevage et de 1 à 80 ovins adultes malades par élevage.
La morbidité médiane observée chez les adultes
est de 10 % (soit 6 animaux) dans les élevages bovins enquêtés et d’environ 6 % (soit 11 animaux) dans
les élevages ovins enquêtés. Cela signifie que la moitié des élevages bovins enquêtés a au moins 10 %
(soit au moins 6 animaux) des bovins adultes malades et que la moitié des élevages ovins enquêtés a au
moins 6 % (soit au moins 11 animaux) des ovins adultes malades. Par ailleurs, 18 % des élevages
présentent plus de 20 % de bovins adultes atteints et 23 % des élevages ovins enquêtés présentent plus
de 10 % d’ovins adultes atteints ;

Une variabilité inter-cheptel de la mortalité allant de 0 à 5 % chez les bovins adultes et allant de 0 % à 31 % chez les ovins adultes. On observe entre 0 et 4 bovins adultes morts par élevage et entre 0 et 50
ovins adultes morts par élevage.
La mortalité chez les bovins adultes est faible à l’échelle collective, mais
certains élevages ont subi des mortalités non négligeables. Elle est plus importante chez les ovins.
➢ Parmi les élevages ayant des bovins de 6 à 24 mois, la moitié avait de 1 à 18 animaux malades. Dans deux élevages, un animal malade est mort. Parmi les élevages ayant des agnelles, environ un tiers (32 %) avait entre 1 à 10 agnelles malades. Dans deux élevages, un animal malade est mort ;
➢ Peu d’élevages avaient des jeunes animaux de moins de 6 mois. Pour cette raison, la morbidité et la
mortalité pour ces classes d’âge ne sont pas développées dans la synthèse.

Au moment de l’enquête (début octobre 2023), 12,94 % des élevages bovins et 9,87 % des élevages ovins étaient déclarés comme infectés auprès de la DDETSPP 12. Fin novembre 2023, 14,4% des élevages bovins et 10,34 % des élevages ovins étaient déclarés comme étant infectés.

L’impact sanitaire à l’échelle du cheptel et de la zone touchée est plus important que les estimations données. En effet :
➢ Des éleveurs ont indiqué que de nouveaux animaux étaient malades après la réalisation de l’enquête ;
➢ L’activité vectorielle était toujours en cours pendant l’enquête et de nombreuses semaines après
permettant de diffuser la maladie tant au sein des élevages déjà atteints que dans de nouveaux élevages ;
➢ L’Etat ne prend plus en charge systématiquement les suspicions FCO ce qui rend l’accès au diagnostic de laboratoire plus difficile pour les éleveurs ;
➢ Dans des zones fortement atteintes, les signes cliniques évocateurs de FCO peuvent être considérés
comme suffisants pour l’éleveur ou le vétérinaire pour poser un diagnostic, des tests PCR ne sont donc
pas forcément réalisés ni les déclarations de suspicions ;
➢ Des broutards destinés aux échanges et aux exports ont pu être vaccinés contre le BTV 8, limitant l’impact clinique éventuel pour ces derniers ;
➢ Les conséquences de la suspicion et de la confirmation de foyers engendrent de très fortes restrictions
aux mouvements (échanges européens et exports pays-tiers) pour les élevages atteints. Par peur des
restrictions aux mouvements, des éleveurs ne déclarent pas les suspicions en dépit des obligations
règlementaires.


Il conviendra d’attendre la fin de la saison vectorielle pour mesurer l’impact sanitaire global après une saison d’activité vectorielle en menant de nouvelles études.
Enfin, les impacts sur la reproduction ne peuvent pas être mesurés pour l’instant. Il conviendra d’attendre la fin de la période reproductive (différente de celle de l’activité vectorielle) pour évaluer ces impacts sachant que cela pourrait être complexe car la maladie hémorragique épizootique arrivera dans le département. Chez le bovins, cette dernière est très semblable à la FCO.

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