La rage est une maladie infectieuse, virulente, inoculable en général par une morsure. Cette maladie est due à un rhabdovirus neurotrope : le virus rabique. Après une longue période d’incubation, la maladie est caratérisée par une encéphalomyélite mortelle en règle générale, se traduisant par de signes d’excitation, d’agressivité ou de paralysies.

Le vétérinaire a un rôle important dans la protection de la Santé Publique à jouer, car il a la charge du diagnostic et de la majeure partie de la prophylaxie de cette zoonose majeure.

La réglementation française considère la rage comme un danger sanitaire de première catégorie chez toutes les espèces animales.

Tous les cas de rage humaine sont d’origine animale. Lorsqu’elle est cliniquement déclarée chez l’Homme, la rage est toujours mortelle, après une évolution relativement courte d’un tableau clinique dramatique.

ESPÈCES AFFECTÉES

Tous les mammifères, domestiques ou sauvages, et l’Homme sont réceptifs au virus rabique et peuvent être infectés dans les conditions naturelles.

SYMPTÔMES :

Ils sont dominés par :

  • variables suivant l’espèce, animale ;
  • la longueur et l’incertitude de la durée d’incubation de la maladie ;
  • le polymorphisme des signes cliniques (« tout est rage et rien n’est rage ») ;
  • un virus neurotrope : ensemble de troubles neurologiques (comportementaux, moteurs et sensitifs).
  • une « forme furieuse » et une « forme paralytique ». il existe toutes les variantes et les combinaisons possibles » ;
  • une mort inexorable chez les animaux cliniquement déclarés.

Chez toutes les espèces réceptives (mammifères), l’incubation est assez longue .

Lésions

Aucune lésion macroscopique n’a de valeur spécifique.

Épidémiologie

RAGE DES MAMMIFÈRES TERRESTRES

  • des cas de rage canine importée et secondaires surviennent régulièrement en France, (introduction illégale de chats et de chiens en provenance de pays d’enzootie de rage) ;
  • des cas de rage des chiroptères y sont également observés chaque année.

SOURCES VIRULENTES

a. Les organismes vivants

  • Animaux enragés : excrétion pré symptomatique) et pendant la phase clinique

L’importance épidémiologique de la virulence interne (système nerveux…) est très importante.

  • Cas particuliers : transmission du virus in utero, risques liés à la manipulation de carcasses d’animaux abattus au cours de la phase clinique de la maladie, cannibalisme, greffe d’ organe
  • La salive.

b. Le milieu extérieur

  • virus fragile, sensible à la lumière, la chaleur, l’oxygène de l’air… : contamination indirecte très rare;
  • en milieu protéique, le virus résiste bien (cadavre) et la transmission peut se faire par consommation des organes du cadavre d’un animal mort de rage.

TRANSMISSION

  • Essentiellement par la salive, à l’occasion d’une morsure.

L’excrétion du virus dans la salive commence avant l’apparition des symptômes (jusqu’à 15 jours pour les animaux domestiques, et 1 mois pour des animaux sauvages) et se poursuit jusqu’à la mort de l’animal enragé.

Un chien (ou un autre animal) peut transmettre, par morsure, le virus dans sa salive, de quelques heures à plusieurs jours avant de montrer les premiers signes de la rage.

Le seul moyen de savoir si un animal mordeur peut être excréteur de virus dans sa

salive, au moment de la morsure, est de le mettre en observation et de vérifier s’il reste sain dans les jours suivants.

CONSÉQUENCES DE L’EXCRÉTION PRÉ-SYMPTOMATIQUE

En France : ainsi, tout animal domestique réceptif à la rage, mordeur, apparemment sain, vacciné ou non, doit être mis sous surveillance pendant 15 jours en France et, au cours de cette surveillance, son état de santé doit être contrôlé trois fois :

  • le plus tôt possible après la morsure (dans les 24h si possible),
  • le 7ème jour après la morsure (au moment où, s’il est resté sain, on peut affirmer qu’il y a entre 95 et 100 p. cent de chances pour que l’animal n’ait pas été excréteur de virus rabique, le jour de la morsure),
  • et le 15ème jour après la morsure. Si l’animal ne présente aucun signe clinique évocateur de rage on peut être certain qu’il n’était pas excréteur de virus donc n’a pas pu transmettre le virus.

Pour les animaux sauvages, apprivoisés ou tenus en captivité, ce délai est de30 jours ( plus grand délai de portage pré-symptomatique).

Cette durée ne s’applique pas aux chiroptères, considérés comme pouvant excréter du virus rabique dans leur salive pendant plus longtemps encore.

DIAGNOSTIC SUR LE TERRAIN

  • La conclusion dépend l’indication ou non du traitement des personnes contaminées;
  • Vérifié par le laboratoire, en cas de mort de l’animal.

ÉLÉMENTS CLINIQUES

Il est très difficile, étant donné le polymorphisme clinique de la maladie.

En région d’enzootie rabique ou sur un animal en provenant :

  • toute modification du comportement habituel d’un animal (agressivité inhabituelle, abattement excessif…),
  • toute gêne de la mastication ou de la déglutition,
  • doit être considérée comme un élément de suspicion de la rage.

Critères de suspicion :

  • pas d’élément clinique critère de suspicion.
  • seule, l’évolution rapidement mortelle, avec paralysie progressive (très grande valeur diagnostique) : importance de suivre l’évolution de la maladie ;
  • ne pas sacrifier un animal suspect de rage (équivaut à supprimer le meilleur moyen diagnostique d’infirmer la suspicion) ;
  • sauf dans une circonstance que son maintien en vie entraîne des risques incontrôlables de contamination de personnes.

Toutefois, le sacrifice d’un animal suspect cliniquement de rage est maintenant accepté (voire recommandé par l’Institut Pasteur quand des personnes ont été mordues). Il faut soumettre l’encéphale de l’animal sacrifié au laboratoire d’analyses .

Fiche de demande de sacrifice

ÉLÉMENTS ÉPIDÉMIOLOGIQUES

  • caractère sporadique de la maladie et la très grande rareté d’apparition simultanée de cas cliniques ;

Parmi les informations épidémiologiques à recueillir :

  • l’animal vit-il en région d’enzootie rabique ?
  • l’animal a-t-il séjourné en région d’enzootie rabique au cours des 12 derniers mois (animaux importés en France, animaux examinés en région indemne de rage mais transportés… ) ?
  • les conditions de vie de l’animal lui permettent-elles d’avoir été en contact connu (bataille d’un chien avec un renard il y a un mois…) ou inconnu (chien de chasse, bovins au pré…) avec un animal enragé ?
  • l’animal est-il vacciné contre la rage, comment, depuis quand et avec quelle preuve (certificat) ?

Les éléments d’ordre épidémiologique :

  • n’ont qu’une valeur relative ;
  • retenus surtout dans leurs aspects positifs de renforcement d’une suspicion clinique de rage.

DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL PAR ESPÈCE ANIMALE

1. Chien

  • Rage furieuse : maladie de Carré – néosporose – maladie d’Aujeszky – corps étranger dans l’estomac ou l’intestin – tétanos – babésiose cérébrale, épilepsie, intoxication…
  • Rage paralytique : maladie de Carré – corps étranger dans la gorge luxation du maxillaire inférieur- paralysie de la mâchoire inférieure – intoxication par métaldéhydebotulisme – cause traumatique ….

2. Chat

  • corps étranger – angine – intoxication par métaldéhyde et par les organochlorés.

3. Bovin

  • fièvre vitulaire – tétanie d’herbage – corps étranger dans le gorge – listériose – intoxication par sel de plomb – ESB…

4. Cheval

  • encéphalomyélites (notamment West-Nile) – coliques – tétanos…

4. Ovins et caprins

  • listériose – Oestrose – visna maedi…

5. Porc

  • maladie d’Aujeszky – Talfa – Teschen – pestes porcines…

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