La maladie hémorragique épizootique (EHD pour « Epizootic haemorrhagic disease ») est une maladie infectieuse (proche de la fièvre catarrhale ovine) transmise exclusivement par des arthropodes piqueurs du genre Culicoïdes et due à un virus de la famille des Reoviridae.

Elle se traduit cliniquement par une atteinte fébrile de l’état général associée à une stomatite et des boiteries.

Elle est considérée comme une maladie à haut risque d’émergence en Europe (qui demeure indemne, malgré quelques cas sporadiques signalés en Espagne et en Grande-Bretagne).

Importance tenant à ses analogies avec la fièvre catarrhale des petits ruminants. Elle est classée en France comme danger sanitaire de 1ère catégorie soumis à l’élaboration d’un plan national d’intervention sanitaire d’urgence. Aucune mesure de lutte n’est actuellement définie sur le plan national en France. Maladie enzootique dans de nombreuses régions du Monde (Île de la Réunion).

ESPÈCES AFFECTÉES

  • même spectre d’hôtes que la FCO,
  • surtout les cervidés et tout particulièrement en Amérique du Nord, le Cerf à queue blanche ou Cerf de Virginie (Odocoileus virginiamus (très sensible)),
  • peut affecter cliniquement les bovins (particulièrement sensibles à certains sérotypes),
  • ovins : affection inapparente,
  • n’affecte pas l’Homme.

Étude clinique

Incubation : 4 à 10 jours en moyenne (Cerf à queue blanche)

Symptômes : identiques à ceux de la fièvre catarrhale

A – Chez le Cerf (Cerf à queue blanche)

Forme suraiguë :

  • hyperthermie élevée (41°C),
  • atteinte importante de l’état général,
  • parfois œdème de la tête et du cou,
  • symptômes d’inflammation des muqueuses buccales (stomatite avec hypersalivation,
  • œdème des lèvres et de la langue,
  • hémorragies pétéchiales (couleur bleutée), nasale (jetage) et oculaire (conjonctivite, larmoiement).
  • évolution mortelle en 8 à 36 heures, (œdème aigu du poumon) et au bout de quelques jours des symptômes podaux ou musculaires.

Formes aiguë et subaiguë :

  • idem mais évolution plus lente et symptômes locaux plus nets,
  • stomatite : lésions hémorragiques suivies d’ulcérations
  • glossite nécrotique,
  • complications respiratoires (pneumonie) ou digestives (diarrhée).
  • boiteries consécutives à une atteinte podale (coronite, pododermatite) et musculaire (myosite),
  • amaigrissement important,
  • avortements,
  • mort en 8 à 10 jours ou guérison.

Forme inapparente : de règle chez de nombreux cervidés.

B – Chez les ruminants domestiques

  • forme inapparente habituelle chez les bovins et les ovins,
    • attente clinique parfois décrite chez les bovins (bavite du fait de l’hypersalivation hyperthermie, ptyalisme, anorexie, amaigrissement, hémorragiques sur les muqueuses buccales précédant le développement de lésions nécrotiques (langue, bourrelet gingival), œdèmes déclives, et parfois diarrhée,
    • symptômes indifférenciables de ceux dus à la FCO.

Lésions

Cerf, rumen et réticulum (spécimen conservé). La muqueuse contient de nombreuses zones d’érosion et d’ulcération de tailles variables.

Cerf, poumons. Les septa interlobulaires sont gravement dilatés par un œdème. La bulle médiastinale est probablement due à une dyspnée terminale.

Cerf, muqueuse buccale. Les extrémités de nombreuses papilles buccales sont rougies et érodées.

Cerf, artère pulmonaire et poumons. Une hémorragie adventitielle localement étendue à la base de l’artère pulmonaire est considérée comme pathognomonique pour l’EHD et la fièvre catarrhale du mouton chez les ruminants. Les poumons contiennent de nombreuses zones rouges (congestion et hémorragie).

Cerf, poumons et trachée. Il y a un élargissement modéré à marqué des septa interlobulaires (œdème). La muqueuse trachéale est congestionnée de manière diffuse et contient plusieurs caillots sanguins. Il existe quelques petites hémorragies pleurales.

Cerf, rumen et réticulum. La surface séreuse du rumen présente des hémorragies linéaires à coales, et il existe une congestion importante et une hémorragie de la muqueuse ruminale et réticulaire.

Épidémiologie

Sources de virus ;

ruminants malades et infectés

  • sang : matière virelente essentielle (virémie élevée et prolongée),
  • incriminés, en zone d’enzootie, comme le réservoir de virus pour les cervidés.

Transmission :

indirecte : par l’intermédiaire d’arthropodes du genre Culicoïdes (C. variipennis aux USA) intervenant en tant que vecteurs biologiques.

Importance de l’espèce atteinte.

S’entretient à l’état enzootique

dans les régions infectées chez les ruminants (cycle de base faisant intervenir des ruminants domestiques ou sauvages et des Culicoïdes vecteurs). Proportion parfois importante d’animaux porteurs d’anticorps en zones infectées.

Les flambées épizootiques

avec parfois mortalité importante, jusqu’à 90 %) sont favorisées par la prolifération des insectes et l’existence d’animaux sensibles.

Prophylaxie sanitaire :

mesures difficilement applicables, la maladie affectant des animaux sauvages. Importance de la lutte contre les insectes vecteurs. Importance de la surveillance des cervidés entretenus dans les parcs zoologiques; quarantaine et contrôles sérologiques en cas de déplacements à partir de territoires reconnus infectés.

Diagnostics différentiels

  • Cerf : impossible à distinguer de la fièvre catarrhale du mouton, de la fièvre aphteuse
  • Bovin : fièvre catarrhale du mouton, BVD/MD, fièvre aphteuse, IBR, stomatite vésiculeuse, coryza gangréneux.

Critères de suspicion (pour INFO – Soumis à la décision de la DDCSPP)

  • maladie contagieuse des cervidés avec atteinte de l’état général, fièvre et inflammation des muqueuses, en particulier les muqueuses buccales, avec hémorragies et ulcérations. Mortalité parfois importante. Lésions hémorragiques du tube digestif. Cliniquement indifférenciable de la FCO, qui peut affecter aussi les cervidés (mais évolution généralement bénigne ou inapparente).
  • chez les bovins : formes (habituellement) subcliniques, à différentier de la FCO (recours nécessaire au laboratoire),
  • les infections dues au virus de la FCO ne peuvent être différenciées de l’EHD que par des analyses de laboratoire.

Biosécurité(pour INFO – Soumis à la décision de la DDCSPP)

  • aucun risque pour la santé humaine n’est à craindre de la piqûre d’un moucheron infecté par le virus de la MHE.
  • la consommation d’une viande de cerf infecté par la MHE qui ne présente aucun signe de maladie, d’ulcères ou d’abcès ou aucune autre anomalie est considérée comme étant sécuritaire.

Prélèvements (pour INFO – Soumis à la décision de la DDCSPP)

  • virologie : peut se pratiquer à partir du sang (Tube EDTA) ou sur le cadavre à partir de la rate, ganglions lymphatiques et poumons (à partir de 2 jours à env. 1 mois suivant l’infection)
  • sérologie : possible (tube sec) au delà d’une quinzaine de jours

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