La fièvre aphteuse (F.A.) est une maladie infectieuse virale, virulente, épizootique, d’une contagiosité à la fois très rapide et très subtile, nécessitant des mesures sanitaires draconiennes. Elle est due à un virus de la famille des Picornaviridae et du genre Aphtovirus. Elle affecte toutes les espèces animales à doigts pairs (artiodactyles), domestiques et sauvages, en particulier les bovins, les ovins, les caprins et les porcins.

Médicalement bénigne, elle se caractérise cliniquement, après un état fébrile initial, par des éruptions vésiculeuses (aphtes), localisées principalement dans la bouche, dans les espaces interdigités et sur les trayons, qui évoluent rapidement en ulcères.

La mortalité est faible chez les adultes, mais peut être fréquente chez les jeunes porcelets, veaux et agneaux. Exceptionnellement transmissible à l’Homme.


ESPÈCES AFFECTÉES

Plus de 70 espèces animales sont reconnues comme réceptives au virus de la F.A.

Tous les artiodactyles sont spontanément réceptifs :

• domestiques : bovins, ovins, caprins, porcins, buffles d’Afrique et d’Asie, camelins (controversé) ;

• sauvages : cerf, chevreuil, chamois, mouflon, daim, sanglier et aussi alpaga, vigogne, girafe, gnou, antilopes, gazelles, élan, gaur, zébu, bison, éléphant, phacochère… éventuels réservoirs de virus.

Sont également réceptifs, mais rarement touchés : le tapir et l’ours.

En revanche, les équidés, carnivores (autres que l’ours) et les oiseaux ne sont pas réceptifs.

L’Homme, très résistant peut, exceptionnellement, exprimer cliniquement une infection bénigne.


Étude clinique

Incubation de 2 à 7 jours en moyenne, avec des extrêmes de 36 heures à 20 jours

SYMPTÔMES

1. Chez les bovins

  • Fièvre, hyperthermie jusqu’à 41°
  • Abattement, inappétence, inrumination et chute de production lactée
  • Vésicule dans la cavité buccale ; 12 à 24h plus tard, ulcères superficiels douloureux avec sialorrhée filante.
  • Vésicules puis ulcères sur le bourrelet coronaire et dans l’espace interdigital
  • Vésicules sur les trayons

2. Chez les ovins et les caprins

  • Lésions toujours discrètes et fugaces
  • Même localisation des vésicules que sur les bovins
  • Signes d’alerte : mortinatalité et avortements.

3. Chez les porcins

  • Fièvre engendrant une prostration
  • Absence de réaction (mouvement, grognement) à l’entrée en bâtiment
  • Ulcère du bourrelet coronaire et de l’espace interdigital entraînant une “marche sur des aiguilles”
  • Lésions localisées dans la bouche, la mamelle et aux pieds ainsi que sur le groin
  • Chutes des onglons
  • Mortalité généralement que chez les porcelets à la mamelle (différenciation de la maladie vésiculeuse du porc).

LÉSIONS (PORCIN)

pied. Vésicule rompue de la bande coronaire latérale, décollement du talon.

pied. Vésicule rompue de la bande coronaire dans la peau inter digitée

Vésicule intacte sur la bande coronaire caudale et fente sur le bulbe du talon

pied.
Fissures des bandes coronaire, desquamation des griffes.

langue.
Vésicules (“sèches”) rompues et manquant de liquide.

LÉSIONS (BOVIN)

gencive.
Érosion allongée ventrale aux incisives

museau.
Dans la narine, une vésicule intacte.

lèvre.
Muqueuse buccale et vésicule rompue

Langue.
Erosions et ulcères de la muqueuse.

langue. Epithélium miné érodé coalescence de lésions plus petites

muqueuse.
Érosions irrégulières sur le pilier.

langue.
Vésicules de guérison jaune-beige.

Trayon.
Vésicule rompue à l’extrémité.

Rumen muqueuse, sac dorsal, Érosions irrégulières sur les piliers. Les marges pâles sont affaiblies par l’épithélium

LÉSIONS (CAPRIN)

muqueuse buccale.Erosion (cicatrisation) partiellement réépithélialisée sur la muqueuse buccale mandibulaire rostrale

coeur .
Nécrose du myocarde pâle visible depuis la surface épicardique.


Épidémiologie

Les sources du virus sont multiples : animaux malades, viandes et sous-produits, porteurs de germes et véhicules

Le principal élément contaminant est l’air expiré par les malades (aérosol infectieux).

Toutes les sécrétions sont virulentes : aphtes (contaminant jusqu’à 4 jours), salive (6 à 13 jours), sang (< 8 jours mais virémie résiduelle jusqu’à 158 jours), lait (5 à 7 jours), urine, avortons/eaux/enveloppes fœtales, spermes/embryons congelés, laine

Viandes et sous-produits : réfrigérés et congelés dès abattage (virulence forte), produits de charcuterie, …

Porteurs de germes et vecteurs passifs : porteurs précoces, véhicules passifs (espèces non réceptives et arthropodes), supports inanimés (véhicule, litière), vent

L’excrétion du virus peut commencer 2 jours avant l’apparition des signes cliniques, cesse généralement 4-5 jours après l’apparition des vésicules.

Voies de pénétration

  • Essentiellement muqueuses dans les conditions naturelles (muqueuse respiratoire, digestive et, accessoirement, conjonctivale) : muqueuses et tissus lymphoïdes du pharynx ou de la région des amygdales notamment ;
  • Autres voies : le virus peut également entrer par la peau ou les muqueuses blessées.

Modes de contagion

  • Contact direct et étroit (essentiel) : gouttelettes respiratoires, léchage, contact du pelage, tétée des jeunes) des lésions avec les muqueuses digestives, respiratoires et oculaires !
  • Contagion indirecte utilise des supports très variés. Transporté par le vent sur des dizaines de km (d’une dizaine de kilomètres, maximum

Les animaux domestiques jouent un « rôle épidémiologique » différent selon l’espèce, avec globalement :

  • les petits ruminants « introduisent » le virus ;
  • le porc « multiplie » (ou « diffuse ») le virus ;
  • le bovin « révèle » la présence du virus.

Diagnostics différentiels

Diverses maladies peuvent prêter à confusion chez les espèces réceptives et selon les formes et les localisations de la maladie (Fiche technique – ci dessous)

  • Localisations buccales

De nombreuses stomatites banales, infectieuses, plus ou moins contagieuses, entraînant des lésions aphtoïdes, avec ou sans autres localisations, et contagieuses ou non à d’autres espèces, doivent être différenciées de la F.A., en particulier la nécrobacillose chez le porc.

  • Localisations podales

Chez les ruminants, le panaris et le piétin, enzootiques, sont strictement localisés.

Chez le porc, la maladie vésiculeuse des suidés est indiscernable de la F.A. D’une manière plus générale, dans cette espèce, toute lésion podale ou cutanée (de type vésiculaire) doit faire penser à une suspicion de F.A.

  • Localisations mammaires

Chez la vache, le cowpox (vaccine) et le pseudo cowpox (nodule des trayeurs) se manifestent par des vésico-pustules poxvirales, sans atteinte générale. La thélite ulcérative herpétique n’entraîne pas de lésion buccale ni podale.

Devant la gravité épidémiologique et la rapidité de diffusion de la F.A., apparaît la nécessité absolue, et, du reste, d’obligation réglementaire, d’une confirmation expérimentale précise et rapide de toute suspicion clinique.


Diagnostic clinique / Critères de suspicions (pour INFO – Soumis à la décision de la DDETSPP)

Le diagnostic s’oriente, selon les espèces animales, à l’aide d’un faisceau d’arguments épidémio-cliniques et complété par un diagnostic différentiel.

Signes cliniques évocateurs de FA

Éléments cliniques : Il est important d’avoir une approche systématique à l’examen des animaux suspects de FA.

Il faut :

  • Commencer par observer les animaux de loin, (comportement général, salivation et/ou de boiterie) ;
  • Veiller à ce que les animaux soient correctement maintenus avant l’examen. ;
  • Rechercher les lésions éventuelles en prenant soin de ne pas les léser. (toucher ou gratter la langue peut aider à identifier des vésicules qui sont en train de se former).

La suspicion portera systématiquement :

  • Sur toute salivation avec bruit de succion et présence de vésicules buccales (pointe de la langue, gencives, bourrelet gingival, naseaux, palais) ;
  • Sur tout piétinement ou boiterie, avec présence de poils agglutinés à la couronne plantaire et vésicules ou ulcères interdigités, sur toute douleur mammaire à la mulsion et présence de thélite vésiculaire.

Elle deviendra une quasi-certitude devant :

  • La coexistence des trois localisations de lésions chez un même animal ;
  • La simultanéité d’une ou plusieurs lésions chez des sujets de même espèce voisins des animaux malades, les atteintes podales étant plus fréquentes chez les petits ruminants et le porc. Des lésions récentes doivent être recherchées ainsi que l’élévation de la température rectale ;
  • La simultanéité de l’atteinte d’animaux des diverses espèces réceptives de l’exploitation ;
  • La coexistence d’avortements, de mortalité chez les jeunes, de formes diarrhéiques ou respiratoires.

Tenir compte :

  • Du degré d’ancienneté des lésions observées et de leur fréquence au sein du cheptel suspect : des lésions anciennes survenant uniquement sur un ou deux animaux sont en défaveur d’une suspicion de F.A. ;
  • Des mouvements récents d’animaux (introduction et origine géographique des animaux introduits) ;

Il est ainsi important de recueillir les commémoratifs auprès de l’éleveur : quels signes cliniques a-t-il remarqué ? Quand les signes cliniques ont-ils commencé ? Quels sont les animaux affectés ?

Aucun élément épidémiologique ne peut être considéré comme critère.


Consignes / Biosécurités

Précautions à prendre en cas de suspicion en élevage :

Elles visent à éviter la diffusion du virus aphteux hors du foyer et la détérioration ou destruction des lésions indispensables à l’élaboration du diagnostic tant clinique que de laboratoire.

Il convient impérativement :

  • De laisser son véhicule à distance de l’endroit où se trouvent les animaux malades ;
  • Que tous les examens soient pratiqués par un opérateur portant des gants, bottes et vêtements facilement désinfectables ou mieux, des protections à usage unique à détruire par le feu après usage ;
  • De commencer l’examen clinique par une inspection attentive des muqueuses superficielles afin de rechercher la présence d’éventuelles lésions précieuses pour l’établissement du diagnostic et, pour ce faire, il faut éviter d’en altérer la morphologie, voire de les détruire lors des manœuvres de contention indispensables à l’examen de la langue et de la cavité buccale ;
  • De rechercher la présence de lésions éventuelles sur les animaux voisins du ou des malades.

Prélèvements (pour INFO – Soumis à la décision de la DDETSPP)

Il est primordial de collecter les échantillons appropriés et de les collecter de telle manière qu’ils soient utilisables pour le diagnostic.

Le type de prélèvements dépend de la présence ou non de signes cliniques.

Le conditionnement, l’emballage et acheminement des prélèvements doivent respecter les prescriptions de biosécurité et se fera avec les agents de la DDCSPP.

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