La dermatose nodulaire est une maladie transmissible des bovins due à un virus de la famille des Poxviridae. Elle est caractérisée cliniquement, après un épisode fébrile, par l’éruption de nodules plus ou moins nombreux apparaissant sur la peau et parfois les muqueuses.
Pertes économiques surtout secondaires à l’amaigrissement associé à une infertilité et des avortements. Morbidité variable (5 à 85 %).
ESPÈCES AFFECTÉES
- Affecte exclusivement les bovinés (bovins, zébus et buffles domestiques).
- Non transmissible à l’Homme.
ÉTIOLOGIE
Communauté antigénique avec les autres virus du genre Capripoxvirus : virus de la clavelée et de la variole caprine (possibilité d’immunisation hétérologue).
ÉTUDE CLINIQUE
INCUBATION :
4 à 14 jours (jusqu’à 4 semaines).
SYMPTÔMES :
Maladie parfois aiguë, souvent subaiguë évoluant en maladie chronique débilitante.
- Pic thermique souvent discret, parfois important (41°C) ; jetage léger, larmoiement et salivation.
- Éruption soudaine de nodules cutanés plus ou moins nombreux, localisés ou généralisés à toute la surface du corps de 0,5 à 5 cm de diamètre, fermes, indolores (toute l’épaisseur de la peau). Localisation possible aux muqueuses buccale et nasale (jeunes).
- Réactions ganglionnaires importantes (pré-scapsulaires).
- Complications : amaigrissement rapide, infections cutanées (abcès), mammites secondaires, troubles digestifs, avortements, œdèmes des membres avec inflammation et nécrose des tendons associés à des boiteries.
- Guérison annoncée par une réduction de la taille des nodules et une desquamation cutanée. Élimination possible des nodules par escarrification ; le plus souvent les nodules deviennent croûteux et s’éliminent progressivement ; cicatrisation lente. Le délai de guérison peut atteindre 3 à 4 mois dans les formes sévères.
LÉSIONS
- Nodules cutanés : masse de tissu épidermique grisâtre, compacte, contenant une substance crémeuse assez caractéristique, s’étendant parfois aux tissus sous-cutanés et musculaires sous-jacent.
- Lésions nodulaires occasionnellement localisées aux tissus internes : pharynx, larynx, trachée, poumon, rumen, utérus, etc.
- Parfois lésions ulcéreuses sur les muqueuses buccale, nasale et vulvaire.
Peau : papules avec dilacérations de centre nécrotique (Sitfast)
Cavité nasale.
Nécrose au centre de la lésion
Peau : exsudat hémorragique subjacent à un centre nécrotique de la papule
Oedème interlobulaire au poumon avec amas de nodules rouges
papules délimitées et surélevées avec surfaces érodées dans les narines
Nodules multiples sous la peau
EPIDEMIOLOGIE
Sources de virus :
- Bovins infectés (nodules, sang, secrétions nasales, sperme, etc.)
- Une partie seulement des bovins virémiques présente des signes cliniques ;
- Les animaux infectés inapparents peuvent servir de source de virus pour les arthropodes hématophages
Virus résistant
- plus d’un mois dans les nodules.
Transmission :
- Essentiellement par l’intermédiaire d’insectes vecteurs (transmission mécanique), en particulier les stomoxes;
- directe (y compris par la semence)
- indirecte à partir des animaux infectés.
SIGNES CLINIQUES
Les signes cliniques d’appel de la DNCB correspondent à :
- une hyperthermie initiale (jusqu’à 41°C),
- une atteinte des muqueuses nasale, buccale et oculaire (jetage, ptyalisme, épiphora),
- une adénite généralisée,
- et des signes cutanés spécifiques sous la forme de nodules apparaissant à partir de 48 heures après l’hyperthermie.
Les signes généraux tels que l’hyperthermie et les écoulements peuvent passer inaperçus.
L’infection subclinique est fréquente, le taux de morbidité pouvant n’être que de 10 % (et aller jusqu’à 40%). Lors de la visite, l’ensemble du troupeau doit être examiné pour déceler les signes généraux comme l’hyperthermie ou l’atteinte des muqueuses.
Attention, les nodules en début d’évolution ne peuvent quelquefois être identifiés que par palpation. En revanche, les nodules évoluent par un processus inflammatoire, suppuratif jusqu’à la nécrose (remaniement tissulaire).
Source : DGAL/SDSPA/2016-872 – « Surveillance événementielle de la DNCB en France »
CRITÈRES DE SUSPICIONS (Pour info – Soumis à décision DDETSPP)
- présence au sein du troupeau d’au moins 1 bovin présentant au moins 2 nodules durs, arrondis, indolores, de 0,5 à 5 cm de diamètre ;
- ET observation d’au moins 1 des signes suivants sur au moins un bovin du troupeau (le même que celui présentant les lésions nodulaires ou un autre), le jour du signalement ou rapporté dans les commémoratifs (fiche ci-dessus) – (hyperthermie, hypertrophie ganglionnaire, anorexie, épiphora, jetage, ptyalisme, œdèmes sous-cutanés) ;
- ET absence de diagnostic différentiel d’exclusion avéré à l’examen du troupeau.
DIAGNOSTICS DIFFÉRENTIELS
Dans le contexte français, le diagnostic différentiel des lésions cutanées comprend notamment la leucose cutanée, l’actinobacillose cutanée, l’actinomycose, la nocardiose, la dermatophytose, la dermatophilose (Code terrestre de l’OIE).
L’affection qui ressemble le plus à la dermatose nodulaire contagieuse est la pseudo-dermatose nodulaire ou maladie d’Allerton, due à un herpesvirus, le BHV2. Dans cette maladie, l’état général est peu atteint et les lésions consistent en ds ulcères superficiels.
Les autres maladies avec lesquelles on peut confondre la DNCB sont :
- la leucose cutanée qui n’est pas contagieuse,
- la tuberculose cutanée, maladie rare dont les nodules sont situés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques,
- le varron dont les nodules, fluctuants, sont essentiellement localisés sur le dos,
- la démodécie, qui provoque l’apparition des nodules suivis de pustules et de croûtes,
- l’onchocercose dont les nodules sont situés sur les articulations et les tendons.
CONSIGNES BIOSÉCURITÉ
La maladie soupçonnée est contagieuse. Donner les consignes de biosécurité suivantes :
- Entrée dans et sortie de l’exploitation (animaux comme les personnes…) strictement interdites : fermeture/barrage des entrées de l’exploitation, annulation de toutes les visites (laiterie, équarrissage,…) et sorties prévues. Si une personne est absolument obligée de sortir, elle doit se laver entièrement et changer de vêtements et désinfecter ses bottes au préalable. Elle ne devra pas aller dans une autre exploitation élevant des ruminants ;
- Rentrée de tous les animaux à l’intérieur des bâtiments ou dans des parcs sans accès à l’extérieur ;
- Mise en place d’un pédiluve (1 berlingot de javel / 10 l d’eau) devant chaque bâtiment avec animaux.
PRÉLÈVEMENTS (pour INFO – Soumis à décision de la DDETSPP)
- Confirmation possible à partir de lésions cutanées récentes (ou anciennes : croûtes) et ganglions lymphatiques hypertrophiés ;
- PCR ;
- Isolement du virus sur cellules (Ecouvillons IA par exemple) ;
- Examen sérologique possible (ne permet pas de distinguer un sujet vacciné d’un sujet infecté).
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