La fièvre de la Vallée du Rift (FVR) est une maladie infectieuse affectant en particulier les ruminants et l’Homme, transmise par une grande variété de moustiques, due à un virus de la famille des Bunyaviridae. Ce virus peut également se transmettre par contact direct avec les excrétas contaminés.

Elle est considérée comme une maladie à haut risque d’émergence en Europe (bassin méditerranéen).

La maladie se traduit chez les ruminants par différents tableaux cliniques, en particulier des septicémies rapidement mortelles chez les jeunes et des avortements chez les adultes. Elle est caractérisée par une hépatite nécrosante et des lésions hémorragiques.

Zoonose majeure avec morbidité et mortalité parfois importantes (une atteinte pseudo-grippale, éventuellement compliquée de méningo-encéphalite, rétinopathie, cécité, syndrome hémorragique avec jaunisse et mort).

La FVR est responsable d’épizooties meurtrières, en particulier chez les jeunes.


ESPÈCES INFECTÉES

  • essentiellement chez les petits ruminants (ovins, caprins) et les bovins ;
  • autres espèces domestiques (camélidés, chevaux, carnivores, porcs) : le plus souvent de façon ++ (virémie transitoire) ;
  • espèces sauvages réceptives : ruminants (buffles sauvages, springboks, éléphants…), suidés (phacochères), singes, rongeurs, mais ne présentent qu’une infection inapparente ;
  • l’Homme (zoonose majeure).

Étude clinique

INCUBATION : 1 à 6 jours

SYMPTÔMES

o Forme suraiguë (nouveau-nés, jeunes de moins de 3 semaines) :

  • fièvre élevée (41°-42°C)
  • suivie d’un coma et mort en 12 à 36 heures
  • ictère, diarrhée hémorragique, hématurie et jetage.

o Forme aiguë (adultes et jeunes de plus de 3 semaines) :

  • fièvre et avortement.
  • jetage, diarrhée, anorexie, asthénie et parfois ictère.
  • taux de mortalité pouvant atteindre 20 à 30 %).

o Forme subaiguë : avortements 2 semaine après infection ;


Lésions

  • Lésion caractéristique : hépatite avec nombreux foyers nécrotiques blanchâtres (à peu près 1 mm de diamètre) associés à des hémorragies.
  • Autres lésions : splénomégalie, hypertrophie des nœuds lymphatiques, ictère, hémorragies, entérite…
  • Avortons : nombreuses hémorragies ; hémothorax fréquent ; foie brun-jaunâtre.

Moutons, deux points.
Hémorragie muqueuse localement étendue.

peau
fœtus emphysémateux tachée de méconium

Mouton, coeur. Endocarde ventriculaire
présente de nombreuses hémorragies

Moutons, foetus, rein. Grave œdème périrénal.

Moutons, foie pâle, enflé.
Contient plusieurs foyers d’hémorragie

Moutons, foie. Surface coupée pâle et contient de nombreuses pétéchies

Moutons, foetus. Cavités pleurale et péritonéale envahies de liquide clair.

Moutons, deux points.
Colite hémorragique sévère

Moutons, foie pâle et enflé.
Nombreuses zones de congestion sévère


Épidémiologie

o Sources de virus :

  • animaux infectés : ruminant principal hôte amplificateur de virus (virémie importante et de relative courte durée (jusqu’à une dizaine de jours) ;
  • nombreux tissus et excrétions, par ordre d’importance : sécrétions vaginales après avortement, lait, viandes, jetage.
  • moustiques (Aedes spp, Culex spp) agissant comme réservoir en période sèche inter-épidémique.

o Résistance du virus :

  • virus assez résistant dans le milieu extérieur.

o Transmission :

  • indirecte par des moustiques (vecteurs biologiques) Une transmission ovarienne est possible chez certains vecteurs (Aedes).
  • directe : animaux malades (modalité serait plus importante que la transmission vectorielle)

La transmission directe chez l’Homme, à partir du bétail malade (manipulation de tissus infectés et d’excrétions virulentes et inhalation d’aérosol infectieux).

o Sensibilité : importante des jeunes et des races d’origine européenne.

o Arbovirose persistant à l’état enzootique dans certaines zones forestières : flambées épizootiques associées à des périodes de fortes précipitations et de pullulation des moustiques vecteurs. Les moustiques infectés seraient responsables des premiers cas cliniques (cycle vectoriel ruminant-vecteur-ruminant), la propagation au sein des effectifs contaminés se faisant ensuite surtout par le biais des contacts entre animaux (cycle ruminant-ruminant), notamment lors des avortements. Un réservoir vertébré (faune sauvage ?) n’a pas encore été identifié. Il semble néanmoins que les moustiques (Aedes) interviennent comme réservoir en période sèche inter-épidémique, les précipitations (en permettant l’éclosion en grand nombre des œufs des moustiques infectés) permettant la propagation du virus, l’infection pouvant être amplifiée de façon explosive par l’atteinte des ruminants sensibles présents dans la zone.


Diagnostics différentiels

Signe d’appel : toute mortalité élevée des agneaux et des chevreaux associée à une augmentation des taux d’avortements.

Il peut y avoir suspicion de FVR dans les zones où l’on sait que la maladie peut se manifester sur la base d’observations cliniques, de l’activité des insectes, d’une existence conjointe de la maladie chez les animaux et les humains, à la lumière d’une propagation rapide de la maladie et en présence d’une convergence de facteurs environnementaux favorables. Il faut recourir à des tests de laboratoire pour confirmer le diagnostic.

Diagnostic différentiel avec les autres maladies abortives des ruminants.


Biosécurité en autopsie

L’homme est très sensible au virus de la FVR. La transmission peut se faire par la piqûre de moustiques porteurs ou par le contact avec le sang, d’autres fluides ou tissus organiques ou lors de l’abattage, la plumée et la découpe d’animaux infectés ou encore, par ingestion de viande non cuite ou de lait cru provenant d’animaux infectés. Les personnes travaillant dans les abattoirs, les laboratoires et les hôpitaux sont des populations à risque.


Prélèvements (pour INFO – Soumis à la décision de la DDETSPP)

  • Sur l’animal vivant et en phase fébrile : le sang sur anti-coagulant (5 ml).
  • Après autopsie : le foie, la rate, le cerveau (5 g au moins de chaque organe).
  • Lors d’avortement : un avorton entier.
  • Lors de la manipulation et de l’expédition des prélèvements, toutes les précautions doivent être prises pour empêcher la contamination des personnels, notamment en prêtant attention au risque d’aérosolisation de gouttelettes de sang.
  • Les prélèvements doivent être conservés au réfrigérateur (+ 4°C).

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